Hier, j’ai bingewatché Heartstopper, la nouvelle série LGBTQIA+ de Netflix. Pour celles et ceux qui ne l’ont pas vu, elle raconte l’histoire des premiers émois amoureux entre deux adolescents. Charlie est un lycéen ouvertement gay qui tombe sous le charme de Nick, la star de rugby de son école. Afin de se rapprocher de lui, il décide de rejoindre l’équipe de rugby du lycée, malgré les mises en garde de ses amis. L’amitié entre les deux jeunes hommes se transforme vite en relation amoureuse secrète. Si Charlie a déjà fait son coming-out, Nick lui, ne souhaite pas que les autres découvre son orientation sexuelle.
En regardant cette série, je ne pouvais m’empêcher de penser « qu’est ce que j’aurais aimé voir cette série quand j’étais ado. »
Je suis née en 1978 et j’ai grandi dans la petite ville de Pont Saint Esprit dans une famille, ce qu’il y a de plus classique. Une maman, un papa, deux sœurs et un frère.
Depuis ma plus tendre enfance, je sentais en moi une sensibilité différente des autres enfants. J’ai toujours été fascinée et attirée par les femmes. J’étais amoureuse des femmes secrètement. Honteusement. En grandissant, je me demandais ce qui n’allait pas chez moi. Pourquoi je suis comme ça ? Qu’est-ce qui cloche chez moi ? Et à l’adolescence est venu se rajouter à tout ça, le sentiment d’être seule dans « mon cas ».
Faut dire qu’au début des années 90 on ne parlait pas de ces choses là et les représentations des homos à la télé et au cinéma étaient plutôt inexistantes. Personne à l’horizon à qui m’identifier et ce n’est pas Catherine Lara (que les plus jeunes devront googliser mdr) qui allait malheureusement me le permettre. Dans cette société très hétéro normée, je vivais en sous marin. Pas facile de grandir et de se construire sans modèle, avec la croyance d’être étrange et dans la peur que quelqu’un découvre mon secret. Alors j’ai appris à faire semblant. J’étais un peu comme une gauchère contrariée qui s’obligeais à écrire de la main droite parce que c’est ce qui est correct de faire.
L’importance des représentations dans la construction de son identité
Je n’ai pas choisi d’être lesbienne comme je n’ai pas choisi non plus d’être droitière ceci dit. Et j’avoue que ça n’a pas toujours été de tout repos de feindre une pseudo hétérosexualité toutes ces années.
L’adolescence n’est pas la période la plus facile de la vie d’un humain. C’est une période d’importants changements sur les plans physique, des relations affectives et des intérêts intellectuels et culturels. Souvent tiraillés entre le désir de grandir et la nostalgie de quitter l’enfance, l’adolescent est confronté à cette tâche importante qu’est le remaniement profond de sa construction identitaire.
La construction de l’identité s’inscrit dans une dialectique où s’articulent les sentiments d’individualité et d’appartenance. La considération positive de soi est une des conditions nécessaires à la réalisation de sa propre identité. Pas facile d’avoir une image positive quand on vit avec le sentiment au fond des trips d’être anormal, quand il n’y a personne autour de nous à qui s’identifier.
J’aurais adoré qu’une série comme Heartstopper ait existé à ce moment là de ma vie. Cela m’aurait fait beaucoup de bien et m’aurait aidé à comprendre plus vite que cette différence ne faisait pas de moi une personne bizarre ou tarée mais que j’étais tout à fait normal.
Je trouve formidable qu’aujourd’hui les personnes LGBTQIA+ soient de plus en plus représentées dans les séries et dans les films. Cela contribue sans doute à aider les jeunes homosexuels à s’accepter mais aussi à la société de s’ouvrir aux différences et d’évoluer dans la pluralité. Tout ça n’est que positif.
Alors quand j’entends certains rabat-joie parler de « propagande gay » ça me fait au mieux, gentiment rire, au pire ça me met en colère.
J’aurais beau sortir les meilleurs arguments pour t’expliquer que l’amour entre deux femmes ou deux hommes c’est un truc de ouf et bien si t’es hétéro, t’es hétéro, ça ne changera absolument rien ! Au mieux, ça te donnera peut être juste envie de regarder la série Heartstopper.
On ne choisi pas son orientation sexuelle, mais ce que l’on choisi par contre c’est de l’assumer et de la vivre au grand jour. On assume d’être qui l’on est vraiment au regard de tous.
Noémie VEGA
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