Je suis née en 1978, je fais partie de ce que certains appellent « la génération X ».
J’ai voyagé dans le dernier wagon de cette génération, le « cul entre deux chaises ».
J’ai connu les débuts de canal + et d’M6, récré A2 et le club Dorothée, les premières consoles de jeux, et les téléphones portables de 9kg.
Quand je voulais jouer avec mes copains, j’allais sonner chez eux, j’appelais sur le fixe de la maison de Delphine et demandais à sa mère si ma copine pouvait venir dormir à la maison.
Au début de chaque été, je tachais mes vêtements avec les cerises que je ramassais dans l’arbre. Quand je partais en vacances j’envoyais des cartes postales.
Dans la petite ville de Provence où j’ai grandi, il n’y avait encore qu’un seul supermarché, dans lequel le choix des biscuits et des yaourts était limité. Ça n’a pas duré.
Les supermarchés et centres commerciaux ont poussé comme des champignons.
J’ai connu, les vinyles, les VHS, les CD, le mini disk, puis internet.
Tout s’est accéléré à une vitesse folle.
Plus de chaines télé, plus de pubs, plus de yaourts dans les rayons des supermarchés, plus de fringues, toujours plus de nouveautés et une technologie qui évoluait beaucoup plus vite que notre capacité d’adaptation.
Le début d’une course effrénée à la consommation.
Aujourd’hui, le consumérisme et le matérialisme ont atteint leur paroxysme.
Dès le plus jeune âge, nos enfants sont conditionnés à devenir accros à la consommation.
On les bombarde de pubs, on les séduit, les manipules avec des couleurs et des slogans plus attirants les uns que les autres.
Le psychologue Tim Kasser, cite dans son ouvrage The High Price of Materialism (Le prix élevé du matérialisme), les propos du PDG de General Mills (crunch, cheerios, golden grahams, etc). « Quand il s’agit de cibler des consommateurs en bas âge, nous suivons le modèle « du berceau à la tombe ». Nous pensons qu’on doit attraper les enfants très tôt, puis les conserver toute la vie ».
Plutôt fourbe et cynique comme projet, non ?
Comme cela a été fait en Suède et en Norvège, Kasser suggère d’interdire toute publicité destinée aux enfants, que ce soit pour des jouets ou des boissons sucrées.
Nos petites têtes blondes sont sur-stimulées. Trop d’images, trop de bruit, trop de sucre et de gras, trop d’activités et de loisirs.
Nous voulons tous leur bien mais nous mettons sans le vouloir tout en place pour créer chez eux, du stress, de l’excitation ou encore de la confusion.
Tous ces états peuvent entrainer des troubles émotionnels, cognitifs et psychologiques.
Les parents qui travaillent trop, ont de moins en moins de temps à accorder à leurs bambins.
Lorsqu’une maman ou un papa passe devant une jolie boutique de jouets, ils pensent forcément à leur enfant qui leur manque, le cœur fendu, pris parfois par la culpabilité d’être loin de leur petit, ils entrent et achetent un petit cadeau.
Aujourd’hui on fait des cadeaux à tout va. Parce que l’enfant a été sage, ou qu’il a eu une bonne note à l’école, parce qu’il a bien voulu manger ses brocolis, parce qu’il fallait le calmer au supermarché, parce qu’il était loin, ou qu’il n’a pas pleuré chez le dentiste.
Les industriels et la pub ont réussi à nous faire croire que le bonheur s’achetait.
Tu veux jouer à quoi ?
Les jeux des enfants sont de plus en plus solitaires, violents, virtuels, dénués de plaisir simples, d’émerveillements, d’esprit de camaraderie. Le pourcentage des enfants de 9 à 12 ans qui passent du temps à jouer dehors, à jardiner, à balader a chuté de plus de moitié.
Pour être tranquille, on colle les petits dès le premier âge devant des écrans.
L’impact délétère sur le cerveau, le développement cognitif et la rétine de ces heures passées devant ces écrans froids est largement démontré par plusieurs centaines d’études scientifiques.
Les petits sont attirés par les tablettes, téléphone comme des insectes devant les phares d’une voiture.
Pour libérer vos enfants des écrans, ne leur dites pas « c’est bon tu as assez bloqué sur ta tablette » proposez leur plutôt une autre option. Invitez les à créer, dessiner, lire, faire des jeux de société, danser, ou balader.
Le trop plein de jouets
Quand on fait un tour dans les chambres de certains enfants et qu’on voit la quantité astronomique de jouets qu’il y a, ça donne le tournis.
Ils ont tellement de choix, qu’ils ont du mal à se consacrer complètement à un jeu, une activité.
Ce trop plein engendre malheureusement une baisse de leur créativité et trouble leur imagination.
Créer une salle de classe avec quelques bouts de bois, un vieux drap, une plume d’oiseau stimule beaucoup plus l’imagination des pitchouns qu’un « kit maîtresse d’école » tout fait.
Les enfants sont des êtres fragiles car en pleine construction et sont facilement manipulables car d’une grande sensibilité.
Ils cèdent vite à la tentation et des tentations il y en a des tonnes, à chaque coin de rue.
Cette surconsommation rend insatiable et nous entraine dans une véritable spirale.
Plus on a des objets plus on en veut.
On a envie d’une chose, on l’achète, on est content mais cette joie est minime, insignifiante comme illusoire car elle s’évanouie très vite. Alors pour ressentir de nouveau cette joie, on achète encore, et encore.
C’est un peu comme vouloir étancher sa soif avec de l’eau salée.
Le bonheur ne s’achète pas.
Les choses simples
Nos enfants, tout comme nous, ont besoin de temps libre, d’allégement. Leur bien être, leur bonheur passe inexorablement par la simplicité.
En épurant leur espace de vie, on diminue le « stress cumulatif ». Vos enfants se reposeront mieux dans une chambre désencombré de leur montagne de jouets.
Offrez leur des temps de pause, allégez les loisirs, ils n’ont pas besoin d’en faire autant.
Gardons du temps pour ne rien faire, pour respirer, contempler.
Laissons les s’ennuyer pour les inviter à rêver, à imaginer.
L’enfance ce n’est pas “qu’une phase à traverser”. Elle construit les adultes que nous serons, elle est là pour protéger et permettre aux jeunes esprits de se développer afin d’en faire des êtres heureux et en bonne santé.
Quand la société de consommation s’en prend à l’enfance, les jeunes cerveaux réagissent. Faisons à nos enfants le plus beau des cadeaux en leur offrant un équilibre et en prenant l’initiative de la simplicité, de la sobriété et du dépouillement.
Noémie Vega
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